De St. Pierre à Hanover

Le révérend Edward Mitchell (1792-1872), la première personne d’origine africaine à être diplômée de Dartmouth College (promotion de 1828), était un immigrant de la colonie esclavagiste de la Martinique. Né d’une mère, Olive, qui était une mulâtresse libre, et d’un père français inconnu, il fut élevé et éduqué dans l’ambiance culturelle et commerciale animée de Saint Pierre, le « Paris des Antilles ». Ayant l’ambition de devenir capitaine de navire, Mitchell quitta l’île en 1810 en compagnie du Capitaine William Prentiss de Portland dans le Maine. C’est à Portland, logeant chez la famille Prentiss, qu’il vécut une expérience de mort imminente lorsqu’il était en mer, et requit de l’aide religieuse de deux hommes d’église importants, les révérends Edward Payson et Nathan S.S. Beman. Allant à la recherche du chemin du salut, il abandonna la mer et se rendit à Philadelphie.

Mitchell avait de bonnes raisons pour aller à Philadelphie. La ville comptait vingt mille habitants noirs libres et comprenait les dirigeants des premières églises indépendantes africaines de confession méthodiste et épiscopalienne. Mitchell partagea maints repas avec ces dirigeants et servit à leurs conciles. Il fut baptisé et conseillé par William Staughton, un pasteur blanc de confession baptiste qui devint le recteur de l’Université de Washington. En 1816, Mitchell se maria, mais perdu sa femme et sa famille deux ans plus tard. Se sentant à la dérive, il demanda de l’aide du Seigneur, faisant confiance en la providence de Dieu. En 1820 Mitchell fit la connaissance providentielle de Francis Brown, le recteur de Dartmouth College, qui voyageait vers le sud avec sa femme en espérant se remettre d’une maladie progressive. Sur le chemin du retour, en calèche avec son mari, Francis Gilman Brown écrivit sans son journal daté du 20 mai 1820 :

À Philadelphie, nous avons dit au revoir à monsieur T. qui retourna à Georgetown près de la ville de Washington, et nous avons engagé pour un an un homme de couleur nommé Edward qui nous sert d’écuyer.